Le SUV est en plein essor - et avec lui les accidents

Les Sport Utility Vehicles, ou SUV, jouissent d'une popularité sans faille depuis des années : au cours des dix dernières années, la part des SUV assurés chez Axa a plus que doublé. Aujourd'hui, un cinquième de toutes les voitures du parc de l'assureur automobile suisse appartient déjà à cette catégorie.

Plus un SUV est grand, plus le risque d'accident est élevé

Les propriétaires de SUV ne sont pas seulement convaincus des avantages de leurs véhicules, mais aussi de leurs propres capacités : 90% des conducteurs de SUV interrogés se considèrent comme des usagers de la route sûrs. En dépit de cela, les autres usagers de la route ont un mauvais sentiment en ce qui concerne la sécurité des SUV : "Près de 50% des propriétaires de non-SUV estiment que les véhicules tout-terrain sont dangereux pour les autres usagers de la route. Un tiers des non propriétaires de SUV déclarent en outre se sentir moins en sécurité lorsqu'un SUV roule derrière eux", explique Bettina Zahnd, responsable du département Accidentologie et Prévention d'Axa Suisse, à propos de l'étude.

Cette perception est confirmée par la statistique des sinistres de l'assureur suisse : "En fait, les véhicules tout-terrain ont causé en 2019 près de 10 pour cent de plus de dommages en responsabilité civile que les autres voitures de tourisme", explique Zahnd. Pour les gros SUV - c'est-à-dire ceux qui pèsent entre 2155 et 3500 kilogrammes - la différence est encore plus grande : en 2019, ils ont causé 27 pour cent de plus de sinistres RC que les autres voitures. "Plus un SUV est grand et lourd, plus il provoque de collisions", précise l'accidentologue en se référant aux statistiques des sinistres d'Axa Suisse.

Le tableau est similaire pour les dommages corporels : plus un 4x4 est grand, plus il cause de dommages corporels, mais ces chiffres nécessitent un regard attentif : "Alors que dans la catégorie d'âge des 40 à 80 ans - le groupe cible le plus fréquent des SUV - plus d'accidents avec dommages corporels sont causés par de gros 4x4, cette affirmation n'est plus valable dès que l'on intègre le groupe des 18 à 39 ans dans les statistiques. Cela s'explique par le fait que les jeunes conducteurs causent nettement plus d'accidents, mais qu'ils conduisent statistiquement moins souvent un SUV", explique l'accidentologue.

Une petite inattention entraîne de gros dégâts

Les SUV provoquent donc plus d'accidents que les autres véhicules - souvent avec de graves conséquences pour les autres usagers de la route. "Cela est notamment lié à la taille et au poids des véhicules ainsi qu'à la hauteur du centre de gravité et du pare-chocs", explique Zahnd. "Sur les voitures de tourisme traditionnelles, le pare-chocs est presque toujours à la même hauteur, ce qui leur permet de déployer pleinement leurs effets en cas d'accident. Lors d'une collision entre une voiture normale et un véhicule tout-terrain, ce n'est le cas que dans deux tiers des cas", poursuit l'accidentologue. Une voiture de tourisme moyenne est donc moins bien protégée qu'un véhicule tout-terrain, bien qu'elle ne se distingue que légèrement d'un SUV en termes de taille et de poids. C'est ce que montre le premier crash des accidentologues, au cours duquel une voiture tout-terrain ne voit pas une voiture de tourisme venant de la droite. En conséquence, le SUV percute le côté de la voiture de tourisme à une vitesse d'environ 60 km/h. Le break est alors fortement endommagé, notamment sa porte arrière qui est fortement enfoncée par le choc. L'enfant assis sur la banquette arrière est frappé de plein fouet. Il est certes protégé par le siège enfant, mais sa tête et le côté gauche de son corps heurtent violemment la coque du siège. Le conducteur du break heurte la porte du conducteur, mais l'airbag latéral permet d'éviter des blessures plus graves à la tête. Le conducteur du 4x4 est tout au plus légèrement blessé.

Trottinette électrique contre SUV - ou : David contre Goliath

Sur les routes suisses, on ne trouve pas seulement de plus en plus de SUV et de voitures en général, mais aussi de plus en plus de moyens de transport d'un genre nouveau, comme les trottinettes électriques. Les conducteurs, généralement jeunes et urbains, de ces cyclomoteurs légers - la plupart des trottinettes électriques appartiennent à cette catégorie - apprécient leur spontanéité et leur rapidité de déplacement. Mais contrairement aux lourds véhicules tout-terrain, ils passent facilement inaperçus et sont nettement moins bien protégés. L'étude d'Axa montre ainsi que seuls 9% des utilisateurs de trottinettes électriques portent toujours un équipement de protection tel qu'un casque.

La plupart ne connaissent pas le code de la route

Ce n'est pas seulement le manque d'équipement de protection, mais aussi la méconnaissance du code de la route qui peut poser problème aux conducteurs de trottinettes électriques. En effet, les trottinettes électriques sont soumises aux mêmes règles de circulation que les vélos, mais de nombreux conducteurs de trottinettes électriques ne le savent pas. Selon l'étude, à peine la moitié des conducteurs s'informent des règles de circulation en vigueur avant leur premier trajet. "De plus, les routes et notamment les infrastructures cyclables que les conducteurs de trottinettes électriques doivent emprunter ne sont pas optimisées pour ces nouveaux moyens de locomotion", explique Zahnd. De nombreux utilisateurs surestiment leurs propres capacités : Seuls 16% des utilisateurs de trottinettes électriques interrogés se sentent peu sûrs de leur propre conduite. En revanche, plus de la moitié des utilisateurs de trottinettes électriques estiment que le danger vient d'influences extérieures. Concrètement, près des trois quarts des personnes interrogées indiquent qu'elles se sentent en danger à cause des voitures. Dans la réalité, il s'avère toutefois qu'il s'agit en grande partie d'auto-accidents.

Une collision provoque de graves blessures chez le conducteur d'une trottinette électrique

Même si les conducteurs de trottinettes électriques provoquent souvent des auto-accidents, le risque de collision ne doit pas être sous-estimé. "En raison du sol souvent inégal et des petites roues, les conducteurs de trottinettes électriques ne sont souvent pas en mesure de faire un signe de la main lorsqu'ils veulent tourner", explique Zahnd. Les conséquences d'une collision peuvent être graves, comme le montre le deuxième crash au cours duquel une trottinette électrique est entrée en collision avec un SUV : Le conducteur de la trottinette électrique veut tourner, mais le conducteur du SUV s'en aperçoit trop tard et percute le petit usager de la route par l'arrière. Déjà lors de ce choc, le conducteur de la trottinette électrique risque des blessures au niveau des jambes et des hanches, et il faut également s'attendre à ce qu'il subisse des blessures importantes suite au deuxième choc avec le sol. "Un casque aurait pu éviter des blessures plus graves à la tête, mais comme notre mannequin, près de quatre cinquièmes des utilisateurs de trottinettes électriques interrogés ne portent jamais d'équipement de protection, comme le montre notre enquête", fait remarquer Zahnd. Pour le conducteur du SUV, la collision est sans gravité.

Danger aussi pour les enfants à vélo

Alors que les trottinettes électriques ne font partie du paysage routier que depuis peu, les vélos sont des moyens de transport connus depuis longtemps et volontiers utilisés par les enfants. Comme le montre l'enquête, les parents considèrent que les grands usagers de la route sont particulièrement dangereux pour leurs enfants : Après les camions, les grosses voitures comme les véhicules tout-terrain sont cités en deuxième position des usagers de la route les plus dangereux pour les enfants. Concrètement, 69 % des personnes interrogées considèrent les véhicules tout-terrain comme dangereux ou très dangereux pour les enfants.

Une nouvelle règle de circulation devrait aggraver le problème

Le danger pour les enfants devrait être encore plus grand à l'avenir, car : A partir du 1er janvier 2021, la nouvelle règle de circulation s'appliquera, selon laquelle les enfants de moins de 12 ans pourront rouler à vélo sur le trottoir. "Si les enfants à vélo utilisent les voies piétonnes, il est probable qu'à l'avenir, ils passeront plus souvent à l'improviste du trottoir au passage pour piétons et seront reconnus trop tard par les automobilistes", suppose Zahnd. Ce scénario a été reproduit lors du troisième crash-test : Un enfant quitte soudainement le trottoir à vélo et traverse le passage pour piétons. Le conducteur du SUV évalue mal la situation et ne peut plus freiner à temps, une collision se produit. L'enfant est touché par l'avant élevé du véhicule au niveau du torse et est immédiatement projeté avec une grande force. Que ce soit lors de ce premier ou du deuxième choc avec le sol, il faut s'attendre à des blessures importantes. Un casque correctement ajusté et de la bonne taille permet d'éviter des blessures plus graves à la tête. Pour le conducteur du SUV, il ne faut pas s'attendre à des blessures.

Dangereux mélange d'usagers de la route disparates

Les trois crashs le montrent : En cas de collision, les conducteurs de véhicules tout-terrain dans leurs grands véhicules hauts et lourds ne sont guère blessés, alors que les petits usagers de la route mal protégés, en particulier, doivent s'attendre à des blessures parfois massives. Le dangereux mélange de différents usagers de la route exige de tous un comportement adapté : "C'est justement parce qu'une voiture aussi grande donne un sentiment de sécurité grâce à sa taille et à son poids qu'il est important que les conducteurs évaluent correctement le risque qu'ils représentent eux-mêmes et qu'ils soient attentifs sur la route", explique Zahnd. "Les usagers de la route plus petits et plus faibles devraient toujours porter un équipement de protection et s'informer sur les règles de circulation en vigueur. Ce dernier point est particulièrement valable pour les nouveaux moyens de transport".

Source : Axa Unfallforschung

Conseils des accidentologues

• Les conducteurs de SUV devraient faire attention aux systèmes d'assistance à la conduite lors de l'achat. Ils peuvent éviter un accident ou en réduire les conséquences grâce à un freinage avant la collision.

• Les utilisateurs de trottinettes électriques devraient porter d'urgence un équipement de protection, au moins un casque.

• Avant de prendre la route pour la première fois, les utilisateurs de trottinettes électriques doivent s'informer sur les règles de circulation et les dispositions en vigueur.

• Les utilisateurs de trottinettes électriques devraient se familiariser avec leur engin avant de le conduire pour la première fois et faire preuve de prudence, en particulier lorsque le revêtement de la route est irrégulier.

D'autres crash-tests des années précédentes sont disponibles ici :

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