Étude : seules 2 % des entreprises suisses sont préparées au mieux aux cybermenaces
Les entreprises suisses sont fortes en matière d'intelligence artificielle (IA) mais plus faibles en matière d'identité et de cloud. La Suisse se place en troisième position en Europe, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne.
Alors qu'en 2023, près d'une entreprise sur dix en Suisse était encore protégée de manière optimale contre les risques de sécurité modernes, elles ne sont aujourd'hui même plus 2 %. C'est ce que montre le Cisco Cybersecurity Readiness Index 2024, qui examine le degré de cyber-maturité de l'économie privée. Un résultat central : si l'on regroupe les deux catégories les plus élevées, la Suisse occupe toujours la troisième place en Europe, derrière la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Les entreprises suisses montrent des points forts dans le domaine de la sécurité basée sur l'intelligence artificielle, et des points faibles dans les domaines de l'identité et du cloud.
Au cours des 12 derniers mois, le paysage cybernétique a considérablement évolué, notamment grâce à l'intelligence artificielle (IA). Elle intervient désormais aussi bien dans les cyberattaques que dans les solutions de protection. Les entreprises doivent donc adapter leurs stratégies et architectures de sécurité. Le Cisco Cybersecurity Readiness Index 2024 a déterminé dans quelle mesure les entreprises sont prêtes à relever ces nouveaux défis. Pour ce faire, les entreprises ont été classées en quatre niveaux de maturité sur la base de plus de 8'000 sondages d'experts dans le monde entier : Débutant (Beginner), Constructeur (Formative), Avancé (Progressive) et Mature (Mature).
La menace est sous-estimée
La nouvelle étude suggère que les entreprises suisses surestiment leur propre capacité à se protéger contre les menaces actuelles ou sous-estiment la situation en matière de cybermenaces. Les résultats montrent que seulement 1,95 % des entreprises suisses disposent d'une structure de sécurité suffisamment mature pour être préparées au mieux aux menaces actuelles. Il y a un an, ce chiffre était encore de 9 pour cent. Néanmoins, 81 % des entreprises en Suisse sont modérément à très confiantes dans leur capacité à contrer une cyberattaque avec leur infrastructure actuelle.
Il n'est pas surprenant que l'état de préparation soit également corrélé à la taille d'une organisation, étant donné que davantage de budget et de personnel peuvent être consacrés à la cybersécurité. Les entreprises de plus de 1'000 collaborateurs présentent un degré de maturité plus élevé, les entreprises de taille moyenne (250-1'000 collaborateurs) se situent légèrement derrière. Ce constat est valable dans le monde entier et dans tous les secteurs d'activité. L'étude a révélé que les secteurs les mieux préparés sont les services financiers, la technologie ainsi que l'industrie manufacturière - tous avec 30 % ou plus dans les catégories supérieures "Mature" et "Progressive". Le secteur de l'éducation, par exemple, a encore du retard à rattraper.
Les chiffres de l'Office fédéral de la cybersécurité (OFCOM) montrent également à quel point il est important de sécuriser les systèmes informatiques. Les déclarations de cyberincidents ont tendance à augmenter. "Il y a un besoin urgent pour les entreprises de repenser leurs stratégies de sécurité et de s'adapter à la réalité des cybermenaces actuelles", explique Roman Stefanov, responsable des ventes de cybersécurité chez Cisco Suisse. Selon l'étude, 45% des entreprises suisses interrogées ont subi une cyberattaque au cours des 12 derniers mois.
Un retard à combler en matière d'identité et de cloud
"Un signe encourageant pour la Suisse est l'utilisation élevée de l'IA pour la cyberdéfense", explique Roman Stefanov. "Déjà près de 40 pour cent utilisent des systèmes basés sur cette technologie avec le plus haut ou le deuxième plus haut niveau de maturité". La protection des réseaux et des machines est satisfaisante avec respectivement 32 et 26 pour cent. Il y a toutefois un grand besoin de rattrapage dans les domaines de l'identité et du cloud. Ici, seules 18 et 14 pour cent des entreprises suisses ont un niveau de protection suffisant.
Selon l'étude, 66 pour cent des entreprises interrogées pensent qu'une cyber-attaque affectera leur activité au cours des 12 à 24 prochains mois. Malgré ces inquiétudes, 51 % des entreprises déclarent avoir plus de 10 postes vacants dans le domaine de la cybersécurité, ce qui indique une grave pénurie de compétences. Les coûts des incidents sont remarquables : 45 pour cent des personnes interrogées ont déclaré que les incidents passés avaient coûté plus de 500'000 dollars.
La bonne nouvelle est que les entreprises ont augmenté leur budget de sécurité et qu'elles veulent continuer à l'augmenter. Elles reconnaissent en effet une augmentation des risques due à la numérisation, à des types d'attaques plus variés et à des répercussions financières plus importantes : 86 pour cent des personnes interrogées ont indiqué avoir augmenté leur budget au cours des 1 à 2 dernières années, et près de 80 pour cent prévoient d'augmenter leur budget de plus de 10 pour cent à l'avenir. 92 % prévoient de mettre à niveau ou même de restructurer leur infrastructure informatique pour faire face aux défis à venir en matière de cybersécurité.
À propos de l'étude
Le Cisco Cybersecurity Readiness Index 2024 est basé sur une enquête en double aveugle auprès de plus de 8'000 cadres dans 30 pays, dont 205 en Suisse. Les personnes interrogées sont responsables des affaires et de la cybersécurité dans leur entreprise et ont donné des auto-évaluations sur l'état de la capacité de défense et de la technologie utilisée dans leur entreprise. Pour l'étude, l'utilisation de 31 applications de sécurité différentes dans les entreprises a été demandée. Les résultats ont été pondérés et additionnés de manière à obtenir une valeur entre 1 et 100 pour la capacité de cyberdéfense par entreprise. Pour plus de clarté, les entreprises ont ensuite été réparties en groupes sur la base de cette valeur : Beginner (0-10 points), Formative (11-40), Progressive (41-69), Mature (70-100).
Source : Cisco