La Suisse a du pain sur la planche en matière de lutte contre la corruption

Dans un rapport publié aujourd'hui, Transparency International montre l'état de la mise en œuvre de la convention anticorruption de l'OCDE. Bien que la Suisse applique activement la convention en comparaison avec d'autres pays, il est urgent d'agir : les sanctions prononcées en cas de délits de corruption sont insuffisantes, le champ d'application de la loi sur le blanchiment d'argent est trop étroit et la protection légale des lanceurs d'alerte devrait être améliorée.

Transparency International Suisse, Corruption
© depositphotos, bernadg

 

La convention anticorruption de l'OCDE a été adoptée il y a 20 ans. Elle est aujourd'hui plus importante que jamais, car les échanges économiques transfrontaliers et les risques de corruption qui en découlent se sont encore multipliés depuis, comme le montrent les exemples suivants Transparency International Suisse écrit. Avec le "Rapport sur la corruption à l'exportation 2018" publié aujourd'hui, Transparency International a examiné l'état de la mise en œuvre de la convention au niveau national en comparant les pays. Les résultats montrent une image décevante : depuis la dernière enquête en 2015, seuls de faibles progrès ont été réalisés. L'objectif de la convention d'une concurrence sans corruption dans le commerce mondial reste donc très éloigné.

Quelles lacunes ?

Sur les 43 pays étudiés, la Suisse se trouve, avec six autres nations, dans le groupe de pays qui mettent effectivement en œuvre la convention dans la pratique. Néanmoins, la Suisse ne respecte toujours pas la convention dans des domaines importants et est à la traîne par rapport à d'autres pays :

  1. Les sanctions prononcées par les autorités suisses en cas de délits de corruption s'avèrent insuffisantes, notamment pour les personnes morales.
  2. Le champ d'application de la loi sur le blanchiment d'argent est trop étroit. Le dispositif suisse de lutte contre le blanchiment d'argent devrait également couvrir certaines activités fournies par les avocats, les notaires, les fiduciaires, les agents immobiliers et les marchands d'art et de produits de luxe, qui peuvent facilement être utilisées à des fins de blanchiment d'argent.
  3. La protection légale de Lanceurs d'alerte est insuffisante et devrait être améliorée d'urgence (voir aussi ici).
  4. Les données relatives au suivi de la corruption sont enregistrées de manière incomplète et devraient en outre être rendues plus accessibles.

A propos des résultats de la Suisse, Martin Hilti, directeur de Transparency International Suisse, déclare : "Même si la Suisse applique correctement et plus activement la convention de l'OCDE dans plusieurs domaines que d'autres pays, elle n'a pas encore complètement fait ses devoirs en matière de lutte contre la corruption, 18 ans après avoir adhéré à la convention : il est inadmissible que nous continuions à laisser des échappatoires importantes à la corruption et au blanchiment d'argent dans notre pays. Les lacunes constatées doivent donc être comblées rapidement et efficacement. La corruption et le blanchiment d'argent nuisent à l'économie, à la collectivité et à la réputation de notre pays".

Le rapport "Exporting Corruption Report 2018 - Assessing Enforcement of the OECD Anti-Bribery Convention", y compris l'évaluation par pays de la Suisse (en anglais), est disponible à l'adresse suivante ici de trouver.

 

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