Utilisation "aveugle" de l'insecticide cyperméthrine en forêt

La cyperméthrine, un insecticide, est pulvérisée en grandes quantités sur les troncs d'arbres abattus en forêt. Elle est censée éloigner les scolytes. L'effet de la cyperméthrine sur les organismes forestiers n'a toutefois jamais été étudié avant son autorisation. Récemment, le Parlement a autorisé de plus grands dépôts de bois en forêt. Il provoque ainsi une utilisation plus importante de poison. Les Médecins en faveur de l'Environnement (AefU) demandent l'interdiction du poison en forêt. Car il existe des alternatives.

La cyperméthrine, insecticide à large spectre, n'agit pas seulement contre les scolytes : les abeilles, les bourdons et les vers de terre sont également menacés. © Depositphotos/HayDmitriy

La loi sur les forêts interdit l'utilisation de Pesticidesmais autorise des exceptions. Celles-ci sont devenues la règle : environ 700 kilogrammes d'insecticides hautement toxiques ont été pulvérisés en 2018 sur des troncs d'épicéas stockés en forêt. En effet, les troncs d'arbres abattus avec leur écorce attirent par exemple les scolytes. En revanche, ils sont traités à titre préventif avec des insecticides. Désormais, l'utilisation de poisons devrait encore augmenter : Récemment, le Parlement a autorisé de plus grands dépôts de bois en forêt. Cela signifie encore plus d'insecticides. En revanche, si le bois abattu était écorcé ou empilé en dehors des forêts, il n'y aurait pas besoin de poison.

Cyperméthrine : autorisation sans tests en forêt

Aujourd'hui, c'est surtout la cyperméthrine, un insecticide hautement toxique, qui est utilisée pour le stockage du bois dans les forêts. Il a été autorisé pour l'utilisation en forêt sans que l'autorité d'homologation n'ait clarifié comment le poison agit dans l'écosystème forestier sensible. L'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), compétent en la matière, le confirme à l'AefU : "les organismes forestiers, donc les espèces typiques de la forêt" ne sont "pas testés de manière ciblée". En d'autres termes, l'OFAG a accordé l'autorisation "à l'aveugle". Les effets de la cyperméthrine sur la faune et la flore forestières sont encore largement inconnus à ce jour.

Quelques nanogrammes nuisent

Le poison reste longtemps détectable sur l'écorce des troncs traités. C'est ce que montre une analyse commandée par l'AefU. 20 microgrammes Cyperméthrine par kilo d'écorce extérieure a été détectée par le laboratoire cantonal de Zurich près de quatre mois après l'utilisation du poison dans un dépôt de bois de la vallée de la Sernf (GL). Comme la pulvérisation manuelle n'est pas régulière, la concentration de poison sur l'écorce peut toutefois varier massivement.

Abeilles, bourdons et vers de terre en danger

La cyperméthrine, insecticide à large spectre, n'agit pas seulement contre les scolytes : les abeilles, les bourdons et les vers de terre qui entrent en contact avec la surface de l'écorce pulvérisée seraient potentiellement menacés. C'est ce qu'affirme Heinz Köhler, professeur à l'Institut d'écologie et d'évolution de l'université de Tübingen : "Une absorption de quelques nanogrammes par animal entraîne déjà des dommages neuronaux et des déficits comportementaux chez les abeilles et les bourdons". Heinz Köhler considère même que le risque pour les vers de terre n'est pas acceptable. Il n'existe aucune étude sur les mille-pattes. Et les fourmis des bois ? Certaines espèces de fourmis sont même "activement combattues" par la cyperméthrine, ce qui signifie qu'elle leur cause des dommages considérables. Le Service sanitaire apicole suisse écrit : "Les fourmis comme les abeilles sont des hyménoptères : ce qui tue les fourmis est également mortel pour les abeilles", ce qui est bien sûr tout aussi vrai dans l'autre sens.

Le Parlement provoque l'utilisation d'insecticides

Malgré cela, le Parlement a récemment autorisé de plus grands dépôts de grumes en forêt - sans l'obligation d'écorcer les troncs au préalable. Le Parlement provoque ainsi l'utilisation d'encore plus d'insecticides dans la forêt et donc dans l'une de nos principales ressources en eau potable.

C'est le chemin à l'envers. Le site AefU demandent l'application systématique de l'interdiction des pesticides en forêt. Les troncs abattus doivent être immédiatement retirés de la forêt ou écorcés de manière conséquente, ce qui sera de toute façon nécessaire avant la transformation. L'industrie du bois doit apporter cette contribution à la protection des forêts et de l'eau potable.

Plus d'infos

www.aefu.ch

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