"Sécurité de la Suisse 2019" : nouveau rapport de situation du SRC

Le Service de renseignement de la Confédération doit identifier les menaces à temps et prendre les mesures préventives nécessaires. C'est sous une nouvelle forme simplifiée que le SRC publie son rapport annuel.

Rapport de situation
© DDPS / NBD

Les situations de crise en Europe, que le Service de renseignement de la Confédération (NDB) depuis quelques années maintenant dans son Rapport de situation sont caractérisées par une forte augmentation des acteurs non étatiques et des possibilités de guerre hybride. Le retour de la politique de puissance avec des traits unilatéraux parfois prononcés, des tensions accrues entre les Etats occidentaux et la Russie, mais aussi les défis politiques et économiques dans les pays européens sont autant de parties d'un tableau de la situation qui semble désormais difficilement fixable. L'ordre ancien se transforme sous la pression de nouvelles forces politiques, économiques, militaires, mais aussi technologiques, sociales et culturelles. On ne sait pas où cette transformation va nous mener. Dans ce monde d'incertitude et d'insécurité croissante, la contribution du SRC est de la plus haute importance : l'image globale de la situation, composée à partir des connaissances des services de renseignement, complète de manière essentielle les bases de décision des responsables de la politique de sécurité.

Rivalité croissante entre les grandes puissances

Sous l'emprise de ses propres crises et luttes de pouvoir, la stabilité politique et la robustesse économique de l'Europe diminuent. En conséquence, les effets négatifs du retour de la politique de puissance et donc des rivalités croissantes entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine en matière de politique de puissance sont de plus en plus visibles sur la sécurité de la Suisse. L'incertitude croissante dans son environnement gagne en importance pour la Suisse en termes de politique de sécurité.

Pour préserver leur sécurité et leurs intérêts nationaux dans la compétition stratégique mondiale, les États-Unis misent non seulement sur la force militaire, mais aussi fortement sur la pression économique. Les sanctions secondaires extraterritoriales constituent un instrument important à cet égard. Elles visent à contraindre les pays tiers et les grandes entreprises internationales à accepter les directives américaines, en particulier dans le cadre de la politique iranienne.

La confiance en soi accrue de la Russie repose avant tout sur sa force militaire retrouvée et sur l'organisation rigoureuse de l'appareil du pouvoir sous la présidence de Poutine. Elle veut être perçue comme une grande puissance à l'égal des Etats-Unis. Des restrictions en matière de capacités militaires subsistent toutefois. La Russie continuera donc à miser sur les opérations d'influence, c'est-à-dire sur des activités telles que les campagnes d'information, la manipulation et la propagande, voire la pression politique, militaire et économique ouverte. Le chantage et, dans certains cas, des actions violentes restent également possibles.

La Chine continuera à tout mettre en œuvre pour se développer économiquement et militairement : un changement fondamental de cap reste très improbable. L'Iran tentera d'attendre la présidence Trump et ne capitulera pas. Un renoncement complet de la Corée du Nord aux armes nucléaires et aux vecteurs adaptés à leur utilisation reste improbable, même si elle envoie ponctuellement des signaux de désarmement.

L'espionnage a gagné en importance - en tant que moyen de collecte d'informations, il a le vent en poupe dans le monde entier. La Russie, avec son agenda politique de grande puissance, et la Chine, avec son agenda économique, sont respectivement en première et deuxième position. La tendance plus large, qui englobe de nombreux autres Etats, à tenter d'imposer des intérêts par la force plutôt que par des moyens juridiques ou au sein d'organes multinationaux, pourrait conduire à une augmentation des délits graves tels que les enlèvements ou les assassinats sur ordre de l'Etat. Les services de renseignement étrangers pourraient jouer un rôle dans la préparation, l'exécution et le suivi de telles actions. L'utilisation de moyens cybernétiques en tant qu'instrument central de l'exercice du pouvoir national devrait également gagner en importance.

Dans le domaine de la prolifération, l'attrait pour les armes de destruction massive reste élevé et les progrès technologiques favorisent leur acquisition. Dans le domaine de la technologie nucléaire civile, c'est aujourd'hui la Chine qui marque la dynamique. Les priorités de l'engagement en faveur de la non-prolifération et de la prévention de l'émergence de nouveaux Etats dotés d'armes nucléaires se déplacent donc également. En ce qui concerne les pays cibles de la prolifération - Pakistan, Iran, Syrie (remplacement possible du programme d'armes chimiques), Corée du Nord - la situation n'a pas changé.

Le terrorisme reste d'actualité malgré le démantèlement du califat

Le Proche et le Moyen-Orient ainsi que l'Afrique du Nord, y compris la région du Sahel, restent le théâtre de nombreux conflits armés et de guerre. Ainsi, si le régime syrien et ses alliés russes et iraniens ont stratégiquement battu les insurgés, ils n'ont pas encore remporté la victoire. Malgré des pertes massives, l'"État islamique" et d'autres groupes djihadistes restent capables de mener des attaques de grande envergure. Les groupes djihadistes et les personnes et petits groupes qu'ils dirigent ou inspirent continuent de représenter une menace terroriste sérieuse pour l'Europe. Comme la Suisse fait partie du monde occidental, considéré comme islamophobe par les djihadistes, la menace reste élevée dans notre pays. Un défi pour la Suisse, tout comme pour ses voisins européens, est la gestion des cas de personnes libérées ou qui se sont radicalisées en prison. La Suisse sera également confrontée à des voyageurs motivés par le djihad qui souhaitent rentrer au pays, y compris des personnes actuellement bloquées en Syrie ou en Irak.

Les milieux d'extrême droite en plein essor

Les milieux d'extrême droite sont en pleine évolution et plusieurs groupes disposent désormais de sites web ouverts. Malgré cette nouvelle tendance à une certaine visibilité, le milieu continue à se comporter de manière conspiratrice. Leur potentiel de violence reste toutefois inchangé, tout comme celui des milieux d'extrême gauche. Celle-ci dispose d'un réseau international, ce qui pourrait être l'une des raisons de l'intensification partielle de l'exercice de la violence constatée depuis 2017. Les extrémistes de gauche regroupent leurs actions dans des campagnes, en particulier contre la prétendue répression et notamment contre l'agrandissement de la prison de Bässlergut à Bâle, et se solidarisent avec le PKK en faveur des régions autonomes kurdes du nord de la Syrie. Le retour de ces régions d'extrémistes de gauche formés aux armes préoccupe les services de sécurité européens.

Source : DDPS / NBD

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